Je ne veux pas faire parti de la sélection
de tous ceux qui iront jouer au paradis,
j’ai toujours éprouvé une sainte aversion,
pour les nirvanas, les walhallas et tous ces lieux dits.
L’Eden est sans aucun doute contre indiqué
pour une âme aussi rebelle que la mienne,
les dieux ne tarderaient pas à diagnostiquer
ses fâcheux penchants et sa nature rabelaisienne.
Que le sélectionneur cosmique me pardonne,
j’ai toujours eu horreur des chemins balisés,
on se rendrait très vite compte qu’il y a maldonne,
je ne me ferai jamais à la vie aseptisée.
Si toutefois il existait dans l’au-delà
une sorte d’annexe ou un paradis bis
sans les Saints, les Papes et autres Ayatollahs,
où ne sévissent pas le Bon Dieu et sa milice ;
Un endroit à l’abri des regards inquisiteurs
où les jours couleraient comme une rivière paisible,
au milieu d’une vallée vide d’esprits réprobateurs,
pour se jeter dans la mer de tous les possibles.
Un jardin où poussent les fleurs de la tolérance,
où les arbres ne portent pas de fruits défendus
un Eden protégé contre l’ingérence
des Dieux moralisateurs, toutes races confondues.
Au moment fatidique ou la mort fera son œuvre,
mon âme têtue sans subir d’examen de passage,
et refusant une dernière fois d’avaler des couleuvres
s’envolera légère, vers ces nouveaux rivages.
Si tout cela n’était au fond que pure utopie,
délires métaphysiques, ou troubles obsessionnels,
fausses projections d’un esprit atteint de myopie,
alors comme un pacha je ferais la sieste éternelle.